Qui n’a pas rêvé de créer un magnifique carnet de voyage à l’aquarelle, au feutre, au stylo comme nous en voyons tant (et de si beaux) sur les réseaux sociaux ?
Vous avez essayé ?
Moi oui ! (et depuis fort longtemps bien avant internet -cela fait un peu dinosaure mais c’est vrai-, du temps où les carnets de voyage étaient uniquement imprimés et /ou exposés).
Je rêvais de ces pages colorées illustrées avec précision où du texte bien senti contournait de petites œuvres.
Mes premiers carnets
Mon premier essai est un désastre lors d’un voyage en Angleterre à 14 ans. Big Ben ressemblait à une ruine. Les gardes au casque de fourrure à des doublures de Mickey.
À 15 ans, lors d’un voyage en Allemagne, je renonce au dessin pour l’écriture. Résultat : une liste de lieux visités (avec quelques explications quand même) que j’ai jetée 40 ans après.
Je persiste cependant, surtout que je visite une exposition de carnets de voyage organisé par le centre culturel de ma petite ville. Un des artistes m’assure qu’en fait c’est juste une question d’entrainement et de volonté.
La bonne blague ! (Certes il voulait m’encourager. Ne soyons pas médisante)
Inscrite au club photo, je pars avec mon appareil et un carnet en Italie. Peu de notes, beaucoup de photos à une époque où il n’y a pas d’imprimante. Nous devons aller chez le photographe, donner notre pellicule et nous recevons nos photos 8 à 15 jours après, les floues sont du lot. Du coup, le carnet de voyage se fait au retour avec mes souvenirs.
Parfois, le carnet ne se fait pas et les photos restent dans la pochette.
Cela ne me satisfait pas.
Je décide alors de créer 2 carnets : un carnet de photos et un carnet pour les textes. Je ne suis toujours pas satisfaite du résultat. Du coup, je ne regarde quasiment jamais mes carnets et je les ai jetés il y a quelques années.
Mes seconds carnets
Autour de 25 ans, je décide de changer de méthode : moins de photos, plus de texte et des documents rapportés du « terrain ». Et là, je commence à m’amuser !
Je colle le ticket de bus, le ticket d’entrée d’un musée, la plume blanche trouvée devant la tente, l’emballage d’un gâteau dégusté lors d’une pause dans une randonnée, … Je vous laisse imaginer la chasse au trésor.
De plus, j’ai l’idée (oui, tout bête) de tracer un cadre pour les photos que je souhaite intégrer à mon carnet.
J’aime les quelques carnets que je crée ainsi. En les feuilletant, je m’aperçois que les textes sont descriptifs, les anecdotes assez rares. Et surtout, il manque le côté art créatif. Je n’ose toujours pas dessiner, encore moins gribouiller. Je ne tente même pas, me sentant nulle.
Mes carnets actuels
Ils sont un doux mélange de ce que j’aime faire :
- Récolter des documents touristiques (et découper dedans), des cartes postales, divers tickets, des feuilles d’arbres, de fleurs (en quantité minimes), …
- Écrire (sans se prendre pour un guide touristique)
- Coller quelques photos choisies parmi les centaines que je prends
- Écrire des titres calligraphiés (pas systématiquement)
- Faites écrire les gens que je rencontre (cela peut être juste leur nom).
- « Dessiner »
Entendons-nous bien sur la notion de « dessin ».
Qu’est-ce que recouvre cette idée de dessin ?
Des exemples :
- un nuancier des couleurs de la mer dans laquelle je me suis baignée
- un nuancier des couleurs que j’ai emportées et j’écris sur chaque couleur un ou plusieurs souvenirs ou des émotions de la journée ou de la semaine. Le jaune me fera penser au soleil, au bonheur, à une jonquille qui pointait son nez. Sur le bleu, j’écrirai mer, ciel, robe de Paola. Sur le vert seront notés feuille, diabolo menthe de Paul, tortue, herbes folles, …
- un arbre stylisé que j’ai trouvé impressionnant ou simplement beau, une feuille, une fleur. Mon dessin ne ressemble pas exactement.
- une copie partielle d’un tableau ou une création inspirée d’une exposition d’un artiste
- un motif découvert sur un bâtiment
- Le clocher d’une église
- …
Je ne cherche plus à représenter le mieux possible ce que je visite (il y a la photo pour cela. Et encore, c’est discutable). Je laisse une trace qui me rappelle un bon moment (ou un moins bon).
Ces carnets sont singuliers. Je ne cherche plus à copier ceux merveilleux des réseaux sociaux. C’est une part de ma vie. D’ailleurs, je ne fais pas uniquement des carnets de voyage en voyage. La vie est un chemin, un voyage au quotidien.
La création, c’est un processus : essais, ratés et parfois, nous sommes satisfaites de notre réalisation (encore faut-il négocier avec sa critique intérieure).
La création, c’est aussi
un chemin et une pause
que nous nous accordons dans la vie folle que l’on mène quelquefois.
Mes carnets à la maison
Lorsque je suis chez moi, j’ai 3 carnets en route.
- Un carnet du quotidien où je note ce que j’ai à faire, les idées qui me viennent pour les ateliers, les rendez-vous, … bref un bullet journal utile non décoré.
- Un carnet de création que je dédie à l’art créatif dans lequel je prépare les ateliers art créatif et dans lequel je dessine sans complexe l’église du village, la visite de la forge. Certains diront que c’est du gribouillage et des dessins dignes d’un enfant de 7 ans. Soit ! Mais je m’amuse. Cela me remplit de joie. C’est l’essentiel. C’est aussi mon lieu d’entrainement pour mieux dessiner, faire des expériences sur la couleur, les techniques. Je l’aime comme il est avec ses ratés et ses créations plus abouties.Ma critique intérieure (Zaza pour les intimes) ne se gêne pas pour faire son boulot de sabotage. La Zaza, je lui parle, je l’ai adoptée et je la fais taire durant mes expériences.
- Mon carnet souvenirs dédié à mes enfants. J’ai longtemps voulu écrire l’histoire de notre famille. J’ai interrogé mes grands-parents, mes parents. J’ai des notes, des photos éparpillées. J’ai fait mon arbre généalogique. Écrire l’histoire de la famille de manière chronologique est compliquée. Des souvenirs ou des photos surgissent tout à coup et il faut alors ouvrir un nouveau chapitre, remettre en page. J’ai donc décidé d’écrire l’histoire de la famille de manière non chronologique avec des feeds back (parfois inattendus). Ce carnet est un carnet papier A5. Je n’écris pas sur l’ordinateur.
Mon sac créatif en voyage
C’est à chaque fois une réflexion en amont du voyage et toujours un dilemme.
- Le carnet: selon la durée du voyage, selon mon moyen de déplacement (à pied, en vélo, en train ou en avion), il est de taille différente. A pied et en vélo, je prends un carnet A6 (moins lourd et plus facile à caler dans le peu de bagage que j’emporte). Selon le médium, le papier est de qualité différente. Pour mon voyage de 3 mois autour du monde fin 2024, j’ai pris un carnet A5 à pois, 128 feuilles de 90g/m2.
- Médium: cela dépend de mon humeur au moment du départ. Pour mon voyage de 3 mois, au dernier moment j’ai enlevé les aquarelles pour les remplacer par des crayons aquarelles. En fait, les 2 m’auraient été utiles. Je pense que je complèterai mon carnet en rentrant avec quelques aquarelles que je collerai dans mon carnet. J’emporte aussi un crayon graphite, des crayons gel dont un crayon doré, quelques feutres fins dont un crayon noir résistant à l’eau, un stylo bille.
D’autre fois, j’ai emporté des crayons de couleurs, de la gouache.
Le voyage peut être un moyen de découvrir les possibilités d’un medium. Si vous débutez en carnet de voyage, choisissez un medium que vous connaissez. Si vous n’avez aucune expérience, choisissez un medium qui vous tente (je dirai même plusieurs : un combo crayons de couleur, feutre + un peu de peinture Cela peut être juste les 3 couleurs primaires).
Durant l’été 2024, j’avais emporté comme matériel créatif : un vieux chemisier et du fil à broder. ce fut l’occasion de découvrir la broderie.
- Matériel divers: colle, scotch, ciseaux, une petite règle de la taille de mon carnet, appareil photo (ou téléphone portable). A Ravenne, en 2023, j’ai emporté un compas car je savais que je dessinerai des rosaces. Vous pouvez aussi vous offrir ou vous faire offrir une imprimante de poche. La mienne tire des photos de 8 cm sur 5 cm. La qualité est relative mais que de bons souvenirs ! Cela permet aussi d’offrir une photo à des personnes que l’on rencontre sur notre chemin.
Le fil est un medium que l’on oublie souvent. On peut broder sur du tissu mais aussi sur le papier de notre carnet.
Doit-on créer chaque jour dans son carnet ?
Je dirais oui. Plus vous allez coller, dessiner, écrire, peindre dans votre cahier, plus ce sera facile. Après 3 jours sans créer dans le carnet, on peut être déroutée : dois-je (vite fait) retracer les 3 derniers jours, dois-je sauter ces 3 jours ? Et hop ! Les nœuds dans le cerveau commencent et on est vite tentée d’abandonner (je sais de quoi je parle, cela m’est arrivé plusieurs fois.) Vous n’êtes pas obligée de créer pendant des heures (10 minutes peut être suffisant).
Durant mon voyage de 3 mois, j’ai créé en moyenne une fois tous les 2 jours. Les jours où je ne créais pas, je mettais juste le lieu et ce que j’avais fait (2 phrases). C’est bête mais ainsi je me sentais « à jour » et libre de créer quand je voulais. Plusieurs fois, j’ai aussi dédié des après-midis à la création : des moments de pause durant un long voyage où je ne me sentais pas obligée de visiter à gogo. La création fait partie du voyage.
Conclusion
C’est toujours bien de s’inspirer des carnets des autres admirés sur les réseaux sociaux. Cela donne envie et c’est important. Cela donne aussi des idées.
Recommandations : ne mettez pas la barre trop haute. Ses carnets de voyage exposés sont souvent des carnets d’artistes (professionnels ou pas).
Je vous ai indiqué comment je réalise mes carnets de voyage. Inspirez-vous-en. Gardez ce qui vous parle.
L’essentiel : essayez ! Expérimentez. Faites ce carnet pour VOUS. Faites-vous plaisir.
N’hésitez pas à commenter cet article :
- Faites-vous un carnet de voyage ?
- Avez-vous des trucs et des astuces à partager ?
- Cela vous a-t-il donné envie de (re)commencer un carnet de voyage ?
Intéressée par un atelier carnet de voyage ? Dites-le en commentaire !
Pas besoin de voyager loin pour créer un beau carnet de voyage (qui peut d’ailleurs être imaginaire …)
Merci pour votre témoignage..
Ma critique interne se sent moi seule en compagnie de Zaza 😉
J’ai tellement tentée de faire des carnets et accumuler des trucs espérant raviver ce qui me reste de souvenirs de ma vie.
Le point le plus difficile pour moi reste de trouver l’espace interne qui me permettrait de me consacrer 10 min par jour.
Au fil des années le challenge paraît de plus en plus inaccessible mais aussi de plus en plus vital.
Un des maîtres mots semble être simplication !
Vos news lettres sont comme des mains tendues .
Merci
Merci Sylvie de votre commentaire. Oui, faire simple et apprivoiser sa Zaza, sa critiqueuse, sa ronchonchon me paraît important. S‘autoriser une pause est parfois difficile dans cette vie souvent folle. Comme je le dis souvent, quand on prend 10 minutes pour créer, il nous reste 23h50 pour tout le reste 😉 Faire un premier pas vers ces (ses) 10 minutes égoïstes peut être nécessaire et permet de se (re)mettre sur le chemin de la création, si vital comme vous le dites.
Super article, inspirant, motivant
A relire lorsque l’on se trouve en panne…
Merci !
Catherine
Avec plaisir !
Bravo Isabelle!! Tu nous fais voyager autrement. C’est vrai que si on loupe deux jours dans son carnet, on n’ose plus y revenir et ça trotte dans ma tête!!
Allez, je vais me remettre à créer, je suis tellement mieux quand j’ai réalisé une petite création! Ça me manque. Merci pour tes conseils : 10 min max, je vais bien les trouver dans ma journée 😉
Encore merci Isabelle ✨
Merci Sylvie pour ton commentaire. Le jour où j‘ai réalisé que 24h moins 10 minutes, il reste encore 23h 50, cela a changé ma manière de penser le temps et de penser un temps, une pause pour moi, pour mes créations. Ensuite de 10 minutes, je suis passée à 20 minutes 😉
Super article Isabelle
Très intéressant ! Le carnet de voyage m’intéresse!
Le carnet généalogique m’intrigue aussi!
Bravo et merci de ta persévérance !
Merci Sandra ! Dans ce cas-là, je vais réfléchir à un atelier carnets 😉 ou carnet de voyage (vrai ou imaginaire). Peut-être pour l’été, histoire de le créer ensemble et de partager nos expériences 😉