Secret de créativité … Hummm … Il y a des secrets ?
Des secrets que chacun garderait pour soi ?
Plus que de créativité, je parlerai de création.
En effet la créativité est mise à toutes les sauces même les sauces politiques ou commerciales.
Je reconnais cependant que la créativité n’est pas réservée aux domaines artistiques. Nous pouvons créer :
dans notre jardin
dans sa cuisine
dans une classe (je dis depuis des lustres que la classe est une création)
dans … (complétez à votre guise)
Je me concentrerai dans cet article sur la création dans les arts plastiques.
Un rapide détour par ma vie pour trouver les « secrets » de la création puisque j’ai commencé à créer seulement à 50 ans malgré une très grande envie de dessiner, peindre.
Du plus loin qu’il m’en souvienne, j’ai toujours eu envie de dessiner. Petite, je dessine derrière les tickets de caisse ou sur l’envers des cartons. Je suis entourée de tableaux. Mon oncle maternel peint et une grande tante paternelle brode d’immenses tableaux de chasse ou de natures mortes de 2 mètres sur 1 mètre.
Un jour, vers 6 ans, mon père me voit dessiner. « C’est pas toi l’artiste de la famille, c’est Michel ! »
Et voilà comment on clôt la carrière d’une artiste.
>> Secret 1
Ne pas céder sur son désir. Ne pas croire les gens, même ceux que nous aimons.
La plongée dans le métier passionnant d’institutrice m’éloigne de l’idée de créer même si dans mes classes, je fais toujours une belle place aux arts plastiques.
Vers 45 ans, un ami me dit sur son lit de mort : « j’aurais tellement aimé faire de la musique ». C’est un électrochoc. Je ne veux pas mourir en regrettant de ne pas avoir dessiné, peint. Je m’offre une belle boîte de crayons aquarelle et je commence à dessiner : des fleurs et des insectes à partir des centaines de photos que j’ai. Je ne sais pas dessiner alors je tire mes photos en noir et blanc à l’imprimante, je décalque et je mets en couleurs. Un vrai plaisir.
Vers 50 ans, j’ai l’opportunité d’enseigner dans une classe de petite section. Tout un monde. Les petits de 2 et 3 ans sont dans l’action, dans le plaisir, dans la découverte. Les séances de peinture (quotidiennes) sont mémorables. Les petits sont une dizaine autour d’une immense feuille avec de la peinture, des pinceaux, des rouleaux, des grattoirs et autres outils. Laisser une trace, patouiller, mélanger, rigoler. Souvent je prends un pinceau et joue avec eux. La feuille est marron à la fin de la séance mais quelle joie il y a eu.
Le plaisir de la peinture en classe me fait acheter de l’acrylique et le soir, je me mets à peindre : patouiller, mélanger, essayer divers outils, diverses techniques. Une vraie gosse. Plaisir pur répété chaque jour sans me lasser.
>> Secret 2
Le jeu et le plaisir (si non, nous nous arrêtons de créer).
Après quelques temps, j’ai envie de passer à autre chose, d’expérimenter et de faire des tableaux. Là, c’est une autre histoire car une petite voix me dit à l’oreille : « c’est moche ! Tu perds ton temps, tu ne sais pas dessiner, … » (complétez !)
Cela me refroidit un peu et … me décourage (presque). Je tiens bon et, au moins le temps de la création, je mets la petite voix de côté. Je ne pense pas que nous puissions l’éliminer à tout jamais. Mais nous pouvons l’apprivoiser.
>> Secret 3
Écouter sa petite voix mais ne pas lui donner le pouvoir.
Vient assez rapidement un autre obstacle : je n’ai pas d’idée, pas d’inspiration. Je regarde beaucoup de tutos dans des livres, sur internet. Cela aide bien sûr mais tout est si beau dans ces créations exposées à tous. Heureusement certains créateurs témoignent de leur travail acharné pour arriver à un tel niveau. Je tombe alors sur 2 citations que j’écris au début de mon cahier de création :
Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage (Boileau poète du 17e siècle)
Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux. Samuel Beckett (écrivain du 20e siècle)
Faites comme l’enfant qui apprend à marcher : il tombe de très nombreuses fois mais ne se décourage pas.
Accepter l’échec, c’est pouvoir réussir.
Échouer mieux, c’est habiter l’échec pour que le projet se transforme, avance. Alors oui, parfois, c’est douloureux. Les choses ne vont pas toujours comme nous voulons. En nous autorisant à accepter cela, nous pouvons progresser à notre rythme, à notre niveau.
>> Secret 4
Apprendre l’art d’échouer.
La création, c’est une aventure depuis la nuit des temps. Les hommes préhistoriques ont peint, dessiné avant d’écrire. Ces dessins constituent la naissance de la culture.
Créer, c’est s’exprimer autrement, c’est donner vie à notre intériorité. Cela demande du courage. L’acte de créer est solitaire. Le partage donne vie à notre création. Il faut parfois du temps pour prendre le risque du regard de l’autre (mais c’est un autre sujet).